MOULIN DE MOURLINGHEM

OU ST JEAN

Le Moulin d’Hesdigneul sis sur le cours de la Liane, se présente comme un édifice dominant, prestigieux notamment sur le plan d’eau en aval de la rivière.Son architecture est sobre mais cossue. Les murs sont en pierres et en briques rouges, l’ensemble se veut fortifié.Un bon nombre de villages du pays Boulonnais possédaient leur moulin à eau. On peut citer sur la vallée de la Liane : le moulin de Questrecques, le moulin de Condette, le moulin de Pont-de-Briques, le moulin de St Léonard. le moulin de Mourlinghem.La ferme du Mourlinghen sise au hameau du même nom, nommé Moringehem au XIIème siècle était un fief de l’Abbaye de Samer.

Un sentier devait conduire au moulin, ce qui peut expliquer l’attribution du nom Mourlinghem.Le Moulin à eau de Mourlinghen est l’un des plus anciens de la vallée de la Liane, son origine remonte semble t-il au XIVème siècle, suivant un document authentique du XVIIIème siècle stipulant que Robert de Fiennes, connétable de France, seigneur de la châtellenie de Tingry octroie à Jehan d’Hesdigneul seigneur du fief un vieux moulin pour ses bons et loyaux services.Le premier moulin devait être actionné par une roue en chêne a augets, la roue recevant l’eau, énergie naturelle, permettait a de grosses meules en pierre d’écraser le grain ou les écorces de chênes.L’ancien moulin d’Hesdigneul était destiné à écraser les écorces de chênes pour en obtenir le tan. Ce tan servait à la fabrication des filets de pêche. Les chênes provenaient des forêts environnantes et notamment du bois du “Quesnoy”. La pêche des harengs donnait à Boulogne-sur-Mer une activité et une économie très fleurissantes.La fabrication du tan dure jusqu’au XIXème siècle. L’usine devait être implantée près du grand barrage actuel. Quant au moulin à blé son origine n’est pas précise, le plan cadastral de 1813 de Fauconnier, arpenteur, dessine 2 moulins, le carnet de patentes de 1845 mentionne 2 moulins, exploités par le sieur LHOMME : un moulin à blé sans étage avec une paire de meules, un petit moulin à tan avec une paire de meules. Celui ci chôme 2,3 ou 5 mois de l’année. Pour le moulin à blé, celui ci semble chômer 3 ou 5 mois de l’année. Le moulin s’accompagne alors d’une habitation de 4 pièces, en assez mauvais état. Le meunier ne semble pas être fortuné à cette époque.Au regard sur la façade actuelle, la partie située à l’entrée de la cour et la plus élevée de ces bâtiments, était ce moulin à blé. A l’origine, il n’y avait pas d’étage, la surélévation est contemporaine, il possédait également une paire de meules ou pierres. L’une d’entre elles est aujourd’hui scellée dans la cour.En 1853, la retenue se compose d’un vannage entre les 2 moulins. Le niveau des eaux à l’aval de la retenue est proche de 3 ml de hauteur. Le vannage de décharge se compose de cinq vannes offrant ensemble 3, 47 de débouché libre entre potilles.Lors des crues, ces barrages ont toujours été néfastes pour les prairies voisines.A cette époque, l’ancien lit de la Liane est déjà comblé, c’est ainsi qu’on créa un canal de décharge pour faciliter l’écoulement de la Liane. Plusieurs règlements ont été établis à la réglementation du régime des eaux à cette période.Les bâtiments eux-mêmes devaient être protégés des eaux, on procédait à la mise en place de remblais au pied des constructions. Ces remblais provenaient de la carrière à glaise située sur la route d’Ecames à Condette, aujourd’hui recomblée.Le moulin s’est ensuite mécanisé du temps de la famille Vandroy, notamment par l’installation vers 1934 d’une machine à moteur 4 temps de 70 chevaux fonctionnant au gasoil. Cette machine est installée dans une pièce entièrement carrelée nommée “salle des machines”. Un mécanicien s’occupait de l’entretien de cette machine quotidiennement.L’époque est prospère pour le moulin.Le moulin d’Hesdigneul était un lieu si agréable que les parties champêtres ne manquaient pas. Il faisait bon vivre au Moulin St Jean (nom donné en souvenir de Jean Vandroy, mort au champ d’honneur pendant la guerre de 1914-1918).En 1955, il est installé une turbine noyée, la puissance est de 63 chevaux - 110tr/mm, la chute est alors de 2,80 ml, le débit est de 2 150 l. Quant à la machine de 70 chevaux, elle était utilisée en période d’été quand l’eau manquait pour faire tourner la turbine et pendant la crue de la rivière.

Cinq à huit ouvriers étaient employés à la bonne marche du moulin.Quand le moulin ne tournait pas assez, un arbre actionnait une sonnette. Cet appareil était en bronze. Le meunier était perpétuellement à l’écoute de cette sonnerie, et réglait l’arrivée d’eau.En cette fin du XXème siècle, les minotiers disparaissent les uns après les autres pour laisser la place à des industries puissantes.Celui d’Hesdigneul s’arrêta en 1980. En 1985, l’écluse a été vendue au SIVOM de Boulogne. Elle a été automatisée.

Les meuniers du Mourlinghen :


- 1758 : Louis Petit et son épouse Rosalie Géneau,

- 1772 : Charles Lhomme et son épouse Marie-Madeleine Grant,

- de 1772 à 1914 : Famille Lhomme (en 1855 locataire Mme Thiébaut),

- de 1914 à 1962 : Famille Vandroy, originaire de Bergues (59),

- depuis le 29/05/1962 : Mr Lourme Paul après avoir été locataire depuis le 01/08/1945


Laisné Godefroy




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